En Afrique centrale, parmi la grande diversité des plantes spontanées à tubercules appartenant à 13 familles (Hladik et al. 1984), les ignames – un large ensemble d’espèces du genre Dioscorea (Dioscoreaceae) – représentent la majeure partie des formes comestibles. Certaines autres plantes à tubercules sont d’un moindre intérêt comme, par exemple, plusieurs espèces du genre Dioscoreophyllum (Menispermaceae), dont les tubercules, ramassés essentiellement par les enfants, renferment un fort pourcentage d’eau, tandis que les tubercules des Icacinaceae de zones humides, très fibreux, ne sont jamais consommés par les populations humaines. Quelques autres plantes (Gloriosa superba et Asparagus spp. – Liliaceae) dont les tubercules nécessitent une détoxification ne sont utilisées qu’en période de disette.
Le genre Dioscorea comprend un grand nombre d’espèces réparties sur les différents continents, avec une forte concentration sous les tropiques ; toutefois, le chiffre d’environ 600 espèces avancé par Knuth (1924) est trop élevé. Après la révision des ignames du Congo (Zaïre) par Burkill (1939) qui a réduit le nombre d’espèces de 40 à 20, et à la suite des études de Miège (1952 ; 1958) sur les ignames de Côte d’Ivoire, il reste encore un grand travail à faire sur la systématique du genre. Pour les forêts d’Afrique centrale, nous retenons actuellement 15 à 17 espèces identifiables. Certaines de ces plantes, qui ne correspondent pas à des espèces décrites, nécessiteront la création de nouvelles espèces : elles seront présentées ici sous leurs noms vernaculaires et les numéros d’herbier de références. Les espèces d’ignames forestières africaines sont classées en fonction de leur milieu (le milieu forestier fermé ou les milieux ouverts de la zone forestière), selon que leurs tiges sont annuelles ou pérennes, et également selon leur toxicité, les espèces typiques de la forêt dense étant toutes comestibles.