article publié par Agriculture au Cameroun le 26 octobre 2018
La culture du Cacao au Cameroun et partout ailleurs requiert un certain nombre d’exigences sur le plan édaphique ainsi que sur le plan climatique. Pour réussir la culture du Cacao, voici pour vous une fiche technique assez bien illustré.
I Généralités sur la culture du cacao
Le cacaoyer est une espèce tropicale exploitée pour ses cabosses. La pulpe est utilisée dans la fabrication de plusieurs vins, mais l’intérêt est le plus porté sur les fèves dont on se sert pour produire le beurre de cacao et le chocolat.
Plante de basse altitude, il se développe bien jusqu’à 1000 m. au- delà de cette altitude le développement des cabosses est fortement perturbé. Le cacaoyer est adapté aux climats chauds et humides. Il a besoin d’une température comprise entre 24 et 28°C, pouvant supporter jusqu’à 32°C et une pluviométrie moyenne annuelle située entre 1250 et 2500 mm bien répartie tout au long de l’année, sans une forte saison sèche. Les résultats sont meilleurs sous ombrage, car la plante nécessite une humidité relative élevée. La plante répond bien sur des sols riches en matières organiques, profonds et bien drainés.
Le cacaoyer est une plante pérenne. L’entrée en production dépend de la variété. Les nouveaux hybrides donnent leurs premières cabosses entre la 2e et la 3eannées, mais la production devient substantielle à partir de la 5eannée. Il faut 5 à 6 mois pour qu’une fleur fécondée donne une cabosse mûre.
II Conduite de la culture
II 1 Pépinière
Les étapes d’établissement de la pépinière sont les suivantes :
Construction d’une ombrière laissant infiltrer 25 à 30% de lumière à 2,5 m du sol soutenue par des poteaux
- Remplir les sachets plastiques en polyéthylène perforés de couleur noir (20 cm x 12 cm) avec un mélange de terreau et de terre. Si ce mélange est trop lourd, ajouter du sable grossier pour obtenir un substrat homogène et léger.
- Construire des planches sous l’ombrage. Sortes de casiers de 60 cm de large et 5 à 10 m de long avec des piquets solidement enfoncés dans le sol et reliés par des lanières.
- Classer parallèlement et successivement 4 sachets remplis dans ces casiers de façon à remplir complètement le casier, puis arroser abondamment les sachets,
- Semer à plat les fèves nouvellement extraites des cabosses à 1,5 cm de profondeur (une fève par sachet) et arroser de nouveau.
II 1 1 Où prendre les fèves à semer ?
Il est conseillé de prélever les fèves dans les cabosses approchant la maturité, car elles atteignent souvent leur maturité physiologique pendant le mûrissement des cabosses et perdent rapidement leur pouvoir germinatif. Ainsi les fèves doivent être semées dans les plus brefs délais après la récolte des cabosses (2 jours au plus tard). Avant le semis les fèves sont lavées avec de l’eau et du sable fin pour les débarrasser du mucilage. Elles sont ensuite essuyées avec un sac de jute. Les fèves trop plates et celles endommagées sont préalablement supprimées du lot à semer.
La germination du cacaoyer a lieu 4 à 6 jours après le semis et la plante fera 6 à 8 mois en pépinière. Les premières feuilles apparaissent avec le développement de la tigelle 10 à 15 jours après la germination. 1ha de plantation demande environ 1120 plants pour un écartement de 3 m X 3 m. avec des pertes estimées entre 3 et 5%, prévoir pour 1ha une pépinière d’environ 1176 plants qui nécessitera une surface de près de 50 m2.
II 1 2 Entretien de la pépinière :
Les opérations d’entretien à la pépinière sont les suivantes :
- Arrosage tous les 2 jours après la levée (15 à 20 jours après semis) de préférence tôt le matin ou dans la soirée, avant le levée ou après le couché du soleil ;
- Désherbage régulier ;
- 1 mois après la levée commencer les traitements contre les insectes et les maladies fongiques à raison d’un passage par mois ;
- Nettoyer convenablement les allés et les alentours de la pépinière ;
- Diminuer progressivement l’ombrage un mois avant la transplantation pour acclimater les plants à leur environnement futur.
Remarque :
La fertilisation peut être pratiquée en pépinière pour rendre les plants de cacaoyer plus vigoureux. L’usage des engrais foliaires est de plus en plus fréquent. L’application peut se faire quelque soit le stade de végétation. Notons également que la bio – fertilisation est déjà pratiquée et ses résultats sont satisfaisants.
II 2 Plantation
II 2 1 Où planter ?
Le choix du terrain est primordial dans la culture du cacaoyer. De préférence sous une forêt secondaire, le sous- bois sera défriché, et l’abattage se fera de façon sélective. Les arbres sujets aux attaques de chenilles défoliatrices et aux mirides seront éliminés. On laissera quelques arbres pour l’ombrage.
La cacaoculture peut également être pratiquée dans une parcelle présentant un ombrage artificiel. Ainsi on peut en culture mixte introduire dans un premier temps des plants de cacaoyer dans une plantation de bananiers, de taro ou de papayers, de façon à faire bénéficier l’ombrage crée par leurs feuilles aux jeunes plants de cacaoyer qui tolèrent moins les températures élevées.De même l’ombrage peut être amélioré par l’implantation, avant la mise en champ, d’une légumineuse à croissance rapide qui en plus enrichit le sol en azote.Exemple de légumineuses : Glirididia sepium ; leucaena leucocephyla ; le erythrines.
II 2 2 Préparation du terrain
La préparation du terrain doit commencer en début de saison sèche. Après le défrichage on passera au piquetage en respectant les écartements choisis :
Ecartement | Densité | Pépinière | Ombrage en champ |
4 m x 4 m | 625/ha | 660 | Ombrages élevés |
3 m x 3 m | 1.111/ha | 1.111 | Ombrages moyens |
2,5 m x 2,5 m | 1.847/ha | 1.847 | Ombrages faibles |
Si le sol est moins riche en matière organique (sol de couleur rouge), procéder à une trouaison avec des dimensions de 40 cm x 70 cm. Ces trous seront par la suite rebouchés avec de la terre humifère (enrichit ou non en compost) et marqués par un piquet solide.Si le sol est riche en matière organique (sol de couleur noir), la trouaison se fait directement au moment de la transplantation.
II 2 3 Mise en place :
La mise en place a lieu entre avril et juin, lorsque la saison de pluies est bien établie.
- Sélectionner les plants les plus vigoureux et laisser le reste en pépinière.
- A l’aide d’un plantoir ouvrir des trous aux emplacements choisis, identifiés par les piquets. Les trous auront une largeur légèrement supérieure à celle de la motte de terre qui entoure les racines du plant, et une profondeur égale à la hauteur de la même motte.
- Transplanter chaque plant avec sa motte de terre après avoir soigneusement enlevé le sachet plastique. On s’assurera que le collet du plant est au dessus du niveau du sol.
- Ramener la terre autour du pied et tasser fermement
- Pailler ensuite tout autour du collet sans le toucher pour éviter toute contamination
- Créer un ombrage supplémentaire de palme pour protéger le jeune cacaoyer.
II 2 4 Entretien de la cacaoyère
- Remplacer les manquants la saison de pluie suivante (les plants morts ou qui ont mal repris après la première transplantation. Les plants qui seront pris en pépinière seront recepés à 30 cm, car pré-sentant déjà une croissance avancée ;
- Défricher régulièrement en laissant la végétation au sol ;
- Régler progressivement l’ombrage en supprimant les branches d’arbre et les gourmands du cacaoyer. Si la canopée est complètement occupée par le cacaoyer, avec un apport régulier en engrais et une pluviométrie élevée, l’ombrage peut être complètement supprimé.– Procéder au toilettage de la plantation en enlevant toutes cabosses pourries et les branches sèches, et les brûler hors du champ (généralement à partir du mois de janvier).
Fertilisation : la fertilisation du cacaoyer est facultative, la plante bénéficiant le plus souvent des apports venant de la décomposition des feuilles tombées. Toutefois les exportations en nutriments pour 1 tonne de fèves/ha sont les suivantes :
- Azote 20 – 25 kg
- Phosphore 10 kg
- Potassium 15 kg
Les apports en couronne autour des pieds doivent ainsi être supérieurs à ces exportations. On conseille d’apporter de façon fractionnée environ 800g/pied de 10-10-20.
- 1erapplication 2 semaines après plantation entre 5 et 30cm du pied ;
- 2eapplication après 2 ans entre 30 et 60 cm du pied ;
- 3eapplication à la 4e année entre 60 cm et 1 m du pied.
Afin de booster la floraison et la fructification, on peut apporter à ces périodes 20g/pied du superphosphate triple et 30g/pied de chlorure de potassium.
II 2 5 Lutte contre les maladies et les insectes :
Le cacaoyer est exposé à deux principales menaces. La pourriture brune des cabosses causée par le phytophtora megacarya et phytophtora palmivora.
Symptômes :
En pépinière on observe le brunissement à partir du bourgeon terminal, et en champ des tâches brunes sur les cabosses, qui virent au noires et qui finissent par envahir tout le fruit et altérer la qualité des fèves.
Traitement :
Entre septembre – octobre ; avril – mai – juin, dès que les cherelles ont 2 à 3 cm :
- Récolter et destruction hors du champ des cabosses infestées
- Réduire l’ombrage
- Application alternée d’un fongicide de contact et un fongicide systémique ;
Les mirides ou capsides causées par deux redoutables insectes : sahlbegella singularis et distantiella theobromae.
Dégâts :Dessèchement des rameaux et vieillissement rapide des plants.
Traitement : Juin-juillet ; novembre-décembre
- Application en saison sèche d’un insecticide
D’autres menaces pour le cacaoyer.
Cause | Symptômes | Traitement |
Pourridié | – Chute et dessèchement des arbres causés par la pourriture des racines | – Arracher les arbres atteints |
Punaises | – Dessèchement des rameaux et distorsion des feuilles | – Bénéficie du traitement des capsides |
Les psylles | – Troubles de croissance surtout en pépinière | – Application du CYPERCAL 100EC 2fois/mois jusqu’à 2 ans |
Chenilles | – Dégâts sur les feuilles | – Bénéficie du traitement des capsides |
Les thrips | – Défoliation | – Bénéficie du traitement des capsides |
Remarque :La pollinisation nécessaire à la formation des cabosses est le plus souvent assurée par les insectes chez le cacaoyer. Ceci est dû à la conformation des fleurs et est reflété par la sous pollinisation des fleurs formées. Près de 60% de fleurs produites ne sont pollinisées. Il ya aussi des cas d’incompatibilité dans certaines variétés, aussi est il conseillé d’installer au mois deux variétés par champ pour éviter les pertes de cherelles par dessèchement (manifestation tardive d’incompatibilité).
Voir aussi : Fabrication du Beurre de Cacao
II 3 Récolte
La récolte a lieu entre août et novembre. Un hectare bien suivi peut donner 1 tonne de cacao marchand. Au Cameroun les exploitations paysannes ont un rendement entre 300 à 400 kg de cacao marchand. La récolte se fait par la section du pédoncule des cabosses lorsque celles-ci ont mûrit.