Tartera, C. (2014). Guide pour la réalisation d’aménagements agroforestiers. Beloeil : Groupe ProConseil.
ISBN 978-2-981 4600-0-4 (PDF)
ISBN 978-2-981 4600-1-1 (version imprimée)
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2014
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2014

PRODUIRE DURABLEMENT EN AGRICULTURE, UN DÉFI À RELEVER


Il y a quelques décennies, l’objectif était clair : l’agriculture devait être productive. Pour atteindre ce but, plusieurs stratégies ont été employées : les semences ont été améliorées, les produits phytosanitaires ont gagné en efficacité, la machinerie s’est spécialisée, les filières se sont organisées… Aujourd’hui, la situation est plus complexe. Il ne suffit plus de produire des aliments. L’agriculteur doit être capable d’augmenter ses rendements, de produire des denrées alimentaires, mais aussi des énergies renouvelables, de supporter des coûts d’intrants toujours plus élevés, de s’adapter à la variabilité des prix de vente et de respecter des normes environnementales de plus en plus contraignantes. On attend de lui qu’il soit à la fois chef d’entreprise, gestionnaire de l’eau, fournisseur d’espaces récréatifs et aménagiste. Il est aux prises avec la dégradation de la structure des sols, l’arrivée de nouveaux ravageurs, la multiplication d’insectes et de mauvaises herbes résistant aux pesticides et un régime de températures et de précipita-
tions altéré par les changements climatiques. Dans ce contexte, il n’a pas d’autre choix que de repenser ses pratiques agricoles, ses rotations, ses régies de culture, la gestion de son entreprise, ses stratégies et ses investissements.


Pratiquer une agriculture à la fois productive et durable, c’est le défi que les producteurs d’aujourd’hui ont à relever …


(RE)FAIRE UNE PLACE AUX ARBRES EN MILIEU AGRICOLE


Depuis les années 1980, de nombreuses études, ainsi que l’expérience de terrain acquise au Canada, mais aussi dans d’autres pays tempérés en Amérique du Nord, en Europe et en Chine, ont montré que la présence d’arbres sur le territoire agricole permet de générer plusieurs bénéfices agroenvironnementaux et services utiles pour la société comme la séquestration du carbone, la conservation de la biodiversité et l’amélioration de la qualité de l’eau, du sol et des paysages 1. Certains systèmes agroforestiers permettent, de plus, de générer des revenus diversifiés liés à la production de bois (bois de qualité, biomasse) 2 , tout en réduisant certaines charges (économies en intrants 3 ou en frais de chauffage4). Ils permettent ainsi une production intégrée et économiquement rentable.
Au Québec, l’agroforesterie est d’ailleurs définie comme un système intégré qui repose sur l’association intentionnelle d’arbres ou d’arbustes à des cultures ou à des élevages, et dont l’interaction permet de générer des bénéfices économiques, environnementaux et sociaux.

Il ne fait pas de doute que la réintroduction de l’arbre a un rôle important à jouer dans la transition vers une agriculture durable. Pour autant, l’agroforesterie n’est qu’un des éléments de réponse aux enjeux environnementaux des exploitations, indissociable des bonnes pratiques agroenvironnementales au champ. Par exemple, en ce qui concerne le transport au cours d’eau par écoulement souterrain d’éléments fertilisants lessivés, les drains souterrains court-circuitent les bandes riveraines et celles-ci n’ont alors aucun effet filtrant6. D’où l’importance d’adopter, en parallèle, une gestion raisonnée des fertilisants et des pratiques de conservation des sols qui réduisent le lessivage, comme le travail réduit du sol et la culture de plantes de couverture.


L’agroforesterie vient enrichir la palette des pratiques favorables à la protection des sols, de l’eau et de la biodiversité, toutes complémentaires dans la transition vers une agriculture durable.


L’ARBRE, UN OUTIL MÉCONNU…


À l’heure actuelle, la position du monde agricole vis-à-vis de l’arbre est mitigée. Les systèmes agroforestiers riverains sont souvent perçus comme d’intérêt exclusivement environnemental et incompatibles avec l’objectif de production. Les systèmes agroforestiers de plein champ (plantations intercalaires arbres-cultures) sont, quant à eux, souvent associés par méprise à du boisement, un sujet sensible étant donné la pression foncière exercée sur les superficies agricoles. Plusieurs éléments, tels que le manque de données technico-économiques basées sur des expériences québécoises, des bénéfices associés à des marchés inhabituels, une perte de surface cultivable, un cadre réglementaire complexe, etc., contribuent à la réticence des producteurs agricoles face aux pratiques agroforestières. Les producteurs craignent aussi, une fois la plantation réalisée, d’être laissés à eux-mêmes avec cet élément
contraignant qu’est l’arbre. Enfin, l’entretien est un des principaux défis pour que les aménagements agroforestiers remplissent les objectifs prévus. Ainsi, bien des haies brise-vent implantées au cours des dernières décennies remplissent leur fonction de protection des cultures et de l’environnement, mais ne permettront pas la production de bois de qualité, faute d’entretien.


Un travail d’information et de sensibilisation est nécessaire, afin de démystifier l’arbre hors-forêt. Le support technique et l’accompagnement des producteurs durant plusieurs années sont également essentiels à la réussite de projets agroforestiers.

Document complet à télécharger ici : Guide pour la réalisation des plans d’aménagement agroforestiers

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