Résumé.
L’objectif de développement du PDAR était « de réduire la pauvreté en milieu rural grâce à la diversification et à l’augmentation des revenus des populations et l’amélioration de leurs conditions de vie ». Pour atteindre cet objectif, le projet envisageait de faciliter l’accès équitable des groupes cibles aux intrants, aux financements et aux technologies pour accroître leur production et accéder aux marchés porteurs, tout en renforçant leurs capacités et en structurant le monde rural, dans le cadre d’une approche filière. Le projet a adopté une approche filière basée sur le développement des chaines de valeurs à travers les Programmes régionaux d’appuis à la production des filières banane, manioc et arachide, l’appui aux groupements de producteurs/microprojets et l’appui à la commercialisation et à la compétitivité des filières. La mise en œuvre de ces filières a été soutenue par le renforcement des capacités des acteurs notamment les ruraux et leurs groupements, ainsi que celles des opérateurs d’appui conseil, des prestataires
publiques et privés, avec un encadrement rapproché des bénéficiaires.
La structure budgétaire du PDAR a été supportée par 5 sources de financement composées (i) d’un Prêt FIDA, (ii) d’un Don FIDA, (iii) des bénéficiaires, (iv) d’un Fonds additionnel Espagnol et des ressources de l’Etat. Le coût du Projet initial avait été estimé, à sa conception en 2006, à 4,257 milliards de FCFA pour une durée de six ans (équivalent de USD 8,63 millions). Il est en définitive de 8 151 808 674 FCFA (équivalent de USD 15,325 million), après une prolongation de 3 ans, jusqu’au 31 mars 2018.
Sur le plan de la pertinence, les objectifs du PDAR, se sont inscrits largement dans les référentiels du Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) élaboré en 2005, qui considérait l’agriculture comme secteur clé pour la diversification de l’économie, la création d’emploi et la réduction de la pauvreté en milieu rural. Le PDAR s’est inscrit également, dans le cadre des politiques sectorielles, en particulier la Loi sur le Développement et l’Aménagement du territoire (LDAT) de 2004 et le document de Politique de Développement Agropastoral et Rural (PDAPR) de 2005 pour lequel la diversification et valorisation des productions locales, l’organisation des producteurs et la structuration des filières agricoles constituaient une priorité. Le PDAR, étaient également en ligne avec la note de Stratégie Pays au Gabon, qui vise l’accroissement de façon durable de la productivité agricole des petits producteurs, le renforcement de l’accès des petits producteurs aux marchés et le renforcement de la capacité des acteurs.
Sur le plan de l’efficacité, le PDAR a subi un retard important avant son démarrage effectif (environ 12 mois entre la signature de l’accord de financement et son entrée en vigueur). Les activités de terrain du PDAR ont réellement démarré qu’en 2012, avec un faible niveau d’atteinte des objectifs physiques. En conséquence, à la RMP en Mai 2012, le taux de décaissement global avait atteint seulement 33,33%. Après la RMP, le projet a enregistré une meilleure performance dans sa mise en œuvre, suite au recrutement d’une nouvelle équipe de gestion du projet. Avec un objectif initial de 240 Organisations Paysannes (OP) a encadrer pour développer 288 microprojets, le projet a fait face sur le terrain à des partenaires OP, quasi inexistant, peu opérationnels avec des problèmes de gouvernance structurels. Face à cette difficulté majeure, la RMP a opté pour l’accompagnement non plus des OP tel que prévu dans le PDR, mais plutôt un appui a des groupements de producteurs, de type familial. Au total 793 microprojets au
profit de 573 groupements de type familial ont été financés et ont touchés 26 171 bénéficiaires directs. 102,6 km de pistes rurales et dessertes agricoles ont été réalisées au titre du financement additionnel et sont fort appréciés des bénéficiaires . Par contre, les travaux des centres d’affaires et de groupage ont été entamés pour améliorer les conditions d’accessibilité et de commercialisation des produits agricoles dans les bassins de production, mais n’ont pas été finalisés à l’achèvement du projet et doivent être pris en charge par le Gouvernement en 2018.
Concernant les effets et les impacts du projet, Les informations recueillies dans l’étude socio-économiques de fin de projet, le apport d’avancement final du projet, l’enquête d’évaluation d’impact, l’enquête SYGRI et celles recueillies à l’occasion des visites de terrain et des discussions avec les partenaires de mise en œuvre, ainsi que les informations collectées au cours de l’atelier des parties prenantes, ont permis d’apprécier les impacts du projet. Cependant, ces informations ne sauraient être extrapoler comme impact global du projet. Il ressort entre 2010 et 2017, que l’évolution de la situation nutritionnelle des enfants de moins de 5 ans et les conditions de vie des ménages (notamment les femmes chefs de ménage) se sont améliorées, tandis que la sécurité alimentaire des ménages est restée identique. Par ailleurs, globalement, les résultats de l’étude d’impact, démontrent l’impact positif des actions du PDAR tant sur l’accroissement de la production et des ventes dans les filières ciblées, des revenus et l’amélioration des
conditions de vie des ménages.
En ce qui concerne les innovations et le Potentiel de mise à l’échelle, le PDAR a développé plusieurs innovations notamment la multiplication du matériel végétal de bonne qualité et en grande quantité, la technique de PIF pour le bananier et la multiplication des boutures de manioc par micro bouturage, avec la diffusion des variétés locales et améliorées performantes. Compte tenu des résultats satisfaisants enregistrés tant sur les plans technique (diffusion et adoption des innovations), organisationnel (formation et structuration des groupements de producteurs), économique et social (augmentation des revenus, amélioration des conditions de vie), la mise à échelle de la stratégie et des activités du PDAR pour toucher davantage de petits producteurs ruraux dans d’autres villages du Woleu Ntem et d’autres provinces du Gabon, a été pris en charge dans la conception du PDAR 2. Cependant, la mise à l’échelle devra se structurer pour inclure la mise en place d’un réseau semencier pour la multiplication et la vulgarisation des variétés améliorées de manioc et de plantain, le développement de la production, de la transformation et de la commercialisation, l’amélioration de l’esprit d’entreprise et le renforcement du dispositif de conseil agricole.
En ce qui concerne, l’efficience du projet plusieurs facteurs défavorables ont influé sur les coûts du projet à l’exécution, comme les délais importants accusés dans le processus de passation de marché et l’entrée en vigueur tardive du Fonds Additionnel espagnol. Ceci a engendré, des retards et des couts supplémentaires, en particulier pour le désenclavement des zones de production, la facilitation de l’accès aux zones de marchés et la gestion du projet. L’analyse de l’exécution financière montre une faible performance de la composante B : Renforcement des Capacités des Acteurs. Elle a atteint un taux de décaissement de 40%, traduisant le sous-investissement dans le renforcement des capacités des acteurs. Pour la composante C : Coordination, Suivi et Evaluation, les dépenses sont en dépassement de 67% par rapport aux prévisions de la RMP. Ce dépassement a été généré en
particulier, par la prorogation de trois ans de la durée du projet, engendrant de facto des dépenses de fonctionnement et de salaires supplémentaires, le vieillissement et le non renouvellement à temps du parc automobile entrainant un accroissement des dépenses d’entretien et de fonctionnement des véhicules. Globalement, le profil des dépenses du PDAR montre que l’efficience financière est insatisfaisante.
Des efforts devront être consentis pour (i) consolider les acquis et finaliser la clôture de toutes les réalisations sur le terrain ; (ii) poursuivre le renforcement des capacités des groupements de production et des organisations rurales de base. L’opportunité de la seconde phase, PDAR II, devra être optimisée à cet effet. En ce qui concerne les micros projets, leur durabilité est encore fragile. et requiert, un soutien technique et institutionnel supplémentaire. Pour ce faire, une stratégie de désengagement avec des responsabilités claires pour les institutions gouvernementales et locales en matière de durabilité, en particulier pour l’entretien et la maintenance des infrastructures devra etre envisagée.
Parmi les enseignements importants tirés de l’expérience du PDAR, on peut citer : La nécessite d’obtenir un financement de contre partie gouvernemental, suffisant et mis à la disposition du projet dans les délais prévus par le plan de financement. Il est souhaitable aussi que les futurs projets soient dotés dès leur démarrage de tous les systèmes et outils de gestion de projet et le FIDA doit apporter dès la première année de mise en œuvre, toute l’assistance technique nécessaire à la mise en place effective de ces outils. Enfin, la nécessité d’avoir dès le démarrage du projet, une stratégie de désengagement avec des responsabilités bien définies pour les institutions gouvernementales et locales en matière d’efficience et de durabilité, en particulier pour les infrastructures rurales.